La viabilité économique du projet : le dossier prévisionnel

L’établissement d’un dossier prévisionnel est une étape importante dans la démarche du créateur d’entreprise. Il doit en effet lui permettre, d’une part, de mesurer la faisabilité économique de son projet, d’autre part, de démontrer celle-ci à ses futurs partenaires financiers afin de les convaincre de l’accompagner dans son projet.

La mise en forme du dossier prévisionnel doit être l’occasion d’une réflexion approfondie sur le fonctionnement de la future entreprise.

C’est pourquoi, même si l’établissement de documents prévisionnels nécessite un niveau de technicité que ne possède pas tout créateur d’entreprise, il est impératif que celui-ci travaille activement sur l’élaboration de ces documents. Un professionnel, notamment un expert-comptable, peut l’assister pour la mise en forme et certains choix techniques. Mais l’implication personnelle du créateur est indispensable pour s’assurer d’une bonne appréhension des options retenues et d’une immersion totale dans son projet.

Bien qu’il n’existe pas de normes de présentation d’un dossier prévisionnel, appelé également business plan, ce document doit contenir au minimum les éléments suivants :

– la présentation générale du projet ;

– la présentation du ou des créateurs ;

– le schéma juridique retenu ;

– le plan de financement initial ;

– le détail du chiffre d’affaires prévisionnel (trois ans) ;

– le détail des charges prévisionnelles (trois ans) ;

– le compte de résultat (trois ans) ;

– le plan de financement pluriannuel ;

– la trésorerie mensuelle de la première année.

Et il est important pour le créateur de soigner le contenu et la présentation du dossier prévisionnel, car il lui permettra notamment de gagner la confiance d’un organisme bancaire, par l’intermédiaire de son interlocuteur direct mais aussi des supérieurs de celui-ci et des membres des comités d’octroi de crédit. En effet, ces derniers n’auront connaissance du projet qu’à travers le business plan, sans avoir de contact direct avec le porteur de projet ; ce document doit donc être particulièrement pertinent et soigné.

Pourquoi faire établir son prévisionnel par un expert-comptable ?

La première raison de recourir aux services d’un expert-comptable pour élaborer un prévisionnel tient à sa compétence technique : homme du chiffre, il sait bâtir les éléments prévisionnels avec une grande fiabilité technique assurant la cohérence du projet. Habitué à traiter des dossiers économiques, il apporte un regard critique par rapport aux données présentées.Mais son apport ne se limite pas à cette simple compétence technique, l’expert-comptable permet également :– de bénéficier de l’expérience d’un homme qui côtoie au quotidien un grand nombre d’entreprises, de tailles et d’activités variées. Cette large compétence lui permet d’enrichir considérablement la réflexion ;– de bénéficier de sa signature sur le dossier prévisionnel, signature reconnue et appréciée des professionnels du financement. Ceux-ci savent par expérience qu’ils peuvent apporter un regard a priori plus favorable sur un business plan si l’expert-comptable valide le projet et engage ainsi sa responsabilité sur les documents établis ;– de bénéficier du réseau de l’homme de l’art. Celui-ci peut en effet orienter le créateur vers d’autres partenaires, qu’il s’agisse d’organismes de financement, d’avocats, de notaires ou d’autres conseils ou collectivités accordant des aides.

Important : veiller à soigner son dossier prévisionnel !

Le dossier prévisionnel doit être le reflet d’un travail de réflexion mené par le créateur, et surtout mettre en valeur la maturité du projet.Pour cela, le travail doit être soigné dans sa présentation, suffisamment clair pour que le lecteur puisse bien comprendre quelle est la nature exacte du projet, quels sont les moyens qui lui seront affectés, quels sont les besoins du créateur, puis, en fonction de ces éléments, prendre position sur le projet et accepter ou non de devenir partenaire de la future entreprise.Le dossier doit être précis et complet, tout en respectant une certaine concision. À ce titre, un document de 20 à 30 pages est souvent suffisant. Dans tous les cas, le créateur doit conserver à l’esprit que ce dossier est la première image qu’il donne à ses partenaires.

Le premier élément chiffré du dossier prévisionnel présente les besoins nécessaires pour débuter l’activité et organise les modalités de leur financement. On se situe alors au jour zéro.

Etabli sous la forme d’un tableau, dont un modèle est présenté ci-après, cet état doit recenser dans le détail l’ensemble des éléments à financer. Ceux-ci devront être valorisés avec précision ; il est même souhaitable de joindre en annexe du dossier les devis ayant permis ce chiffrage.

Parmi ces besoins pourront figurer notamment :

– les frais de constitution de la société ;

– le matériel industriel et commercial ;

– les agencements du local ;

– un véhicule ;

– le dépôt de garantie du local ;

– le dépôt de garantie des biens pris en location.

Dans la mesure où la nouvelle activité est assujettie à la taxe sur la valeur ajoutée, chacun des besoins doit être valorisé hors taxes. Une ligne spécifique à la TVA doit être prévue dans les besoins, car elle aussi est prise en charge par une modalité de financement.

Le tableau mérite également d’être complété par une évaluation du besoin en fonds de roulement qui sera généré par le démarrage de l’activité. Même si celui-ci n’apparaît effectivement qu’après le début de l’activité, il convient d’en prévoir les modalités de financement dès le premier jour. Ainsi, en complément du coût du stock est-il impératif d’évaluer le crédit moyen accordé aux clients et celui obtenu des fournisseurs afin d’apprécier ce que l’entreprise aura effectivement à financer.

Le besoin en fonds de roulement : danger pour le créateur !

Les délais de paiement clients/fournisseurs, dont les entreprises françaises détiennent la palme de la durée, présentent un véritable danger pour les créateurs d’entreprise. En effet, ils sont souvent la source des difficultés des nouvelles entités et, paradoxalement, plus l’activité connaîtra le succès, plus elle sera exposée à ce danger.Prenons l’exemple d’une entreprise de négoce : elle achète des produits à ses fournisseurs, en les réglant à 30 jours, et les revend avec une marge de 50 % à ses clients qui la règlent à 45 jours. La première année, le créateur espère réaliser 10 000 € de chiffre d’affaires par mois, soit 120 000 € par an. Le montant des achats s’élève donc à 60 000 €. Par simplification il n’est pas tenu compte de l’incidence de TVA.Ainsi, les clients doivent en moyenne à l’entreprise 15 000 € (120 000 x 45 j/360 j) ; et celle-ci doit à ses fournisseurs 5 000 € (60 000 x 30 j/360 j).Le besoin à financer est donc de 10 000 €. Si le créateur n’en a pas prévu le financement, il est confronté à une impossibilité de régler ses fournisseurs.L’année suivante, si le chiffre d’affaires double, les achats doublent également. Par le même calcul, on constate donc que le besoin de financement évolue fortement.
Du fait de sa croissance, l’entreprise est donc confrontée à des difficultés de trésorerie dont le mode de financement doit impérativement être prévu.Par ailleurs, pour déterminer avec précision le besoin en fonds de roulement de la nouvelle entité, ainsi que l’évolution de celui-ci, d’autres éléments sont à analyser : le volume des stocks qui, lui aussi, risque de progresser, le mode de financement des moyens d’exploitation, matériels ou humains. Certains sont payables d’avance (les assurances, les loyers…), d’autres permettent de bénéficier de certains délais (le personnel réglé en fin de mois, les charges sociales réglées en fin de trimestre, l’électricité tous les deux mois…).

Année 1 :

Crédit clients 15 000 €
Crédit fournisseurs 5 000 € BFR à financer

Année 2 :

Crédit clients 30 000 € (240 000 x 45/360)
Crédit fournisseurs 10 000 € (120 000 x 30/360) BFR à financer

Face à ces besoins initiaux, le créateur doit prévoir des modalités de financement. Celles-ci pourront être constituées par des apports du créateur, des emprunts bancaires ou d’autres modes de financement tels que contrats de crédit-bail, des aides et subventions, et éventuellement des facilités de trésorerie à court terme (pour la taxe sur la valeur ajoutée principalement).

Le modèle de tableau suivant peut être utilisé pour présenter le plan de financement initial :

Plan de financement initial (en euros)
Besoins Ressources
Frais de constitution 2 500
Agencements 40 000
Meubles 18 000
Matériel industriel 6 000
Dépôt de garantie local 3 000
Stock 30 000
TVA sur agencements, mobilier et travaux 10 584
TVA sur stock 5 880
Capital 25 000
Comptes courants associés
Emprunt bancaire mobilier (8 ans) 100 000
Financement TVA (3 mois) 16 464
Trésorerie initiale 25 500
TOTAL 141 464 141 464

Pour établir son compte de résultat prévisionnel, le créateur doit préalablement mener une réflexion sur le volume du chiffre d’affaires qu’il envisage de réaliser, et corrélativement le niveau d’achats et de frais généraux que devrait engendrer l’activité.

3.1 – Le chiffre d’affaires prévisionnel

Élément très délicat à estimer de manière prévisionnelle, et pourtant point fondamental de la faisabilité du projet, le chiffre d’affaires doit être valorisé après mûre réflexion et de la façon la plus fine possible.

Son appréciation peut découler de plusieurs sources : une étude de marché approfondie, une bonne connaissance du secteur d’activité grâce à une expérience professionnelle précédente, et une analyse fine de la concurrence ou des ratios dégagés dans le secteur d’activité concerné. De même, des précontacts commerciaux permettent également de mesurer la tendance d’évolution des commandes.

Dans tous les cas, il est important de déterminer ce niveau d’activité prévisionnelle le plus précisément possible, en détaillant pour chaque sous-catégorie d’activité les volumes espérés, les prix unitaires, et ainsi le chiffre d’affaires prévisionnel.

Cette présentation détaillée, en volume et en valeur, permet au créateur de mieux mesurer la faisabilité des objectifs et leur cohérence par rapport à ce qu’il a pu observer ailleurs. De même, pour le lecteur des documents prévisionnels, qui doit se forger une opinion sur la faisabilité du projet pour accepter d’accompagner l’entreprise, cette présentation détaillée est fort appréciée. Les organismes bancaires possèdent des données statistiques précises, par secteur d’activité, qu’ils peuvent comparer aux valeurs retenues et ainsi vérifier la fiabilité des chiffres présentés.

Le business plan devant être établi de manière triennale, il faut déterminer un chiffre d’affaires pour les trois premiers exercices d’activité. Pour cela, une présentation sous forme de tableau mettant en valeur les quantités, les prix unitaires et leurs évolutions d’une année sur l’autre est la méthode la plus appropriée.

À titre d’exemple, les données futures d’un hôtel-restaurant peuvent prendre la forme du tableau suivant :

Détermination du chiffre d’affaires prévisionnel d’un hôtel-restaurant
2014 2015 2016
Hôtel Nb de chambres 16 17 17
Nb de jours 350 350 350
Nuitées potentielles 5 600 5 950 5 950
Coef. de remplissage 67 % 69 % 70 %
Nuitées prévisionnelles 3 752 4 106 4 165
Prix TTC de la chambre (en €) 46,91 47,96 49,00
Prix HT (en €) 42,65 43,60 44,55
CA hôtel (en €) 160 038 179 008 185 550
Petit déjeuner Nb de chambres 3 752 4 106 4 165
Personnes par chambre 1,50 1,50 1,50
Taux de captage 0,80 0,80 0,80
Prix TTC (en €) 6,90 7,08 7,27
Prix HT (en €) 6,27 6,44 6,61
CA petit déjeuner taux de marge (en €) : 75 % 28 234 31 718 33 014
Restauration Nb de couverts midi 25 27 30
Nb de couverts soir 25 27 30
Nb de jours 250 250 250
Prix TTC restauration + boisson (en €) 32,19 33,11 34,03
Prix HT (en €) 29,26 30,10 30,94
CA restauration taux de marge (en €) : 65 % 365 803 406 355 464 047
Bar Recette jour TTC (en €)
Recette jour HT (en €)
Nb de jours 365 365 365
CA bar
Téléphone Prix HT par chambre (en €) 0,10 0,11 0,12
CA téléphone (en €) 375 452 500
Consommations diverses Prix HT par chambre (en €) 2,00 2,10 2,20
CA (en €) consommations diverses taux de marge : 50 % 7 504 8 622 9 163
CA Total (en €) 561 954 626 153 692 273

3.2 – Les charges prévisionnelles

À cette étape du business plan, le créateur doit recenser l’ensemble des charges que l’entreprise devra supporter au cours de ses trois premières années d’activité. Elles sont très variées, dépendent de la nature de l’activité, mais aussi du lieu d’implantation, de la structure juridique choisie ou d’autres paramètres externes au projet.

Le Plan comptable général, texte législatif organisant les principes comptables des entreprises françaises, a recensé et classé l’ensemble des charges dans un ordre normalisé. Il paraît judicieux de retenir cet ordre pour la présentation des prévisions car son caractère normatif permet par la suite d’établir plus aisément le compte de résultat et facilite la comparaison avec des données sectorielles. Un modèle de tableau est présenté en page suivante.

Comme pour le chiffre d’affaires, l’analyse des charges prévisionnelles doit être menée de la façon la plus fine possible. Pour certaines, des tableaux annexes détaillant les volumes et quantités peuvent également être présentés.

Dans tous les cas, les documents établis doivent expliquer les principes d’évaluation ayant conduit aux chiffres retenus. Et plus le dossier donne de détails, plus son exploitation peut être optimisée par la suite.

Ainsi, certains postes méritent quasi systématiquement une présentation sous forme de tableaux annexes. Figurent parmi ceux-ci, notamment, les achats de marchandises, les frais de personnel, les dotations aux amortissements…

À titre d’exemple, nous donnons ci-dessous une présentation du détail des frais prévisionnels de personnel :

Détail des frais de personnel prévisionnels d’un hôtel-restaurant (en euros)
Effectif Brut Charges
individuel total
1 gérant 1 500 1 500 525
1 second de cuisine 2 150 2 150 710
1 commis 1 600 1 600 448
1 serveur salle 1 600 1 600 448
1 responsable salle 2 000 2 000 660
2 plongeurs temps partiel (100 h) 830 1 660 415
2 femmes de chambre temps partiel (120 h) 1 070 2 140 535
Total mois 12 650 3 741
Total annuel 151 800 44 886
Détail des postes de charges (en euros)
Détail des postes 2014 2015 2016
Matières et fournitures Carburant 600 650 700
Eau, électricité, gaz 17 000 17 500 18 000
Fournitures, entretien et petit équipement 14 000 14 500 15 000
Fournitures administratives 1 500 1 600 1 700
Autres matières et fournitures
Total des matières et fournitures 33 100 34 250 35 400
Services extérieurs Sous-traitance générale – blanchisserie 27 508 30 597 33 160
Redevances de crédit-bail
Locations immobilières et mobilières 40 000 41 000 42 000
Charges locatives 1 800 1 850 1 900
Entretien et réparations sur immobilier 13 000 13 500 14 000
Entretien et réparations sur mobilier 5 000 5 500 6 000
Primes d’assurances 3 500 3 600 3 700
Autres services extérieurs 1 000 1 100 1 200
Autres services extérieurs Rémunération d’intermédiaires et honoraires 4 500 4 600 4 700
Publicité 8 000 8 500 9 000
Transport
Voyages et déplacements
Missions, réceptions 500 550 600
Frais postaux et de télécommunication 6 000 6 500 7 000
Services bancaires 4 653 5 185 5 732
Autres services extérieurs 1 000 1 100 1 200
Total des charges externes 116 461 123 582 130 192
Impôts et taxes CET 2 650 2 700
Autres impôts et taxes 228 250 276
Frais de personnel Rémunération de personnel 151 800 166 980 183 678
Cotisations sociales 44 886 49 375 54 312
Autres charges de personnel
Total des charges d’exploitation 197 825 220 257 242 068
Charges de gestion courante Charges diverses, redevances 1 200 1 250 1 300
Charges financières Intérêts des emprunts 15 360 13 739 12 042
Autres charges financières
Charges exceptionnelles Charges exceptionnelles diverses
Amortissements et provisions Dotations aux amort. et prov. d’exploitation 10 300 10 300 10 300
Autres dotations aux amort. et provisions
Impôt sur les sociétés 9 300 15 782 21 585
Total des autres charges 36 160 41 071 45 227
Total général des mat. fourn. et charges 383 546 419 159 452 886

L’évaluation des impôts et taxes

Les porteurs de projet éprouvent fréquemment des difficultés à évaluer le poids des charges fiscales qui pèseront sur leur future entreprise.Voici une méthode d’évaluation adaptée pour une première approche de ces impôts et taxes. Cette estimation nécessite d’être par la suite affinée avec les éléments particuliers de l’entreprise, assisté éventuellement d’un expert-comptable

  • Taxes basées sur les rémunérations
    . taxe d’apprentissage : 0,68 % des salaires bruts ;. taxe formation continue : 0,55 % des salaires bruts (sauf si plus de 10 salariés : 1,05 %, et plus de 20 salariés : 1,60 %) ;. effort construction : dû seulement si plus de 20 salariés : 0,45 % des salaires bruts.

  • CET : la contribution économique territoriale (CET) regroupe la contribution foncière des entreprises (CFE) et la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). La CVAE n’est due que pour les entreprises réalisant plus de 500 000 € de CA HT. Elle est basée principalement sur la valeur ajoutée du local d’exploitation et la valeur ajoutée produite. Elle n’est pas due pour la première année civile si l’entreprise n’existe pas au 1er janvier.

  • Taxe foncière : elle est due seulement si le bail la met à la charge du locataire. Son montant peut être obtenu auprès du propriétaire du local.

  • Taxe Organic : elle est due par les entreprises réalisant plus de 750 000 € de chiffre d’affaires et représente 0,16 % de celui-ci.

  • Impôt sur les sociétés : son taux est de 15 % jusqu’à 38 120 € de bénéfice, de 33,33 % au-delà.

    3.3 – L’agrégation des données : le compte de résultat prévisionnel

    Agrégation des données issues du chiffre d’affaires prévisionnel et de celles retenues pour chaque poste de charges, le compte de résultat doit être présenté sous la forme normalisée d’un document directement issu du Plan comptable général : le tableau des soldes intermédiaires de gestion.

    Ce tableau, dont un modèle est présenté ci-dessous, met en valeur certains ratios de gestion et contribue ainsi à une meilleure lecture des comptes et donc à une analyse plus fine. Parmi ces seuils intermédiaires figurent notamment :

    – le chiffre d’affaires ;

    – la marge brute : elle correspond approximativement à la différence entre le prix de vente hors taxes et le coût d’achat des marchandises revendues hors taxes ;

    – la valeur ajoutée : elle exprime l’accroissement de valeur apportée par l’entreprise ; mieux que le chiffre d’affaires, elle traduit l’activité propre de l’entreprise. Elle se calcule par différence entre la marge brute et les consommations de biens et de services en provenance de tiers ;

    – l’excédent brut d’exploitation : il correspond à la valeur ajoutée diminuée des frais de personnel et des impôts et taxes (hors impôt sur le bénéfice). Il exprime la capacité de l’exploitation à créer de la trésorerie pour maintenir et développer son outil de production et rémunérer les capitaux engagés, tant les capitaux propres que ceux empruntés ;

    – le résultat d’exploitation : c’est le résultat dégagé par l’activité de l’entreprise avant prise en compte du coût des moyens de financement et d’éventuels événements exceptionnels ;

    – le résultat courant : il est égal au résultat d’exploitation plus ou moins les produits et charges financières ;

    – le résultat exceptionnel, en principe inexistant dans un prévisionnel car lié par nature à des événements le plus souvent imprévisibles, le coût d’un sinistre par exemple ;

    – le résultat net qui correspond à la différence entre l’ensemble des produits et l’ensemble des charges. Il permet de mesurer la performance effective de l’entreprise sur l’exercice.

    La présentation de ces différents seuils est faite en valeur brute mais aussi en valeur relative, c’est-à-dire en pourcentage du chiffre d’affaires hors taxes.

    Cette présentation permet de mesurer la performance de l’entreprise, son évolution pluriannuelle, mais aussi de comparer plus facilement ses performances avec celles d’autres entreprises du même secteur. Les ratios normalisés pourront ainsi être comparés à des statistiques du secteur d’activité dans lequel la nouvelle entité évoluera. Il est possible de se procurer ces analyses sectorielles pour certaines activités sur le site édité par l’Ordre des experts-comptables (www.actus-sectorielles.fr).

    Évolution des soldes intermédiaires de gestion
    Produits ou charges HT 2014 2015 2016
    Montant (€) % CA Montant (€) % CA Montant (€) % CA
    Ventes de marchandises
    Marchandises revendues
    Marge commerciale 0 0 0
    Production 561 954 100,00 626 153 100,00 692 273 100,00
    Achats consommés 138 841 24,71 154 464 24,67 175 251 25,32
    Marge sur production 423 112 75,29 471 689 75,33 517 022 74,68
    Chiffre d’affaires total 561 954 100,00 626 153 100,00 692 273 100,00
    Marge brute totale 423 112 75,29 471 689 75,33 517 022 74,68
    Achats non stockés matières et fourn. 33 100 5,89 34 250 5,47 35 400 5,11
    Charges externesServices extérieursAutres services extérieurs 116 46191 80824 653 20,7216,344,39 123 58297 14726 435 19,7415,514,22 130 192101 96028 232 18,8114,734,08
    Valeur ajoutée 273 551 48,68 313 857 50,12 351 430 50,76
    Subventions d’exploitation 0,00 0,00 0,00
    Charges d’exploitationImpôts et taxesFrais de personnel 200 4253 739196 686 35,670,6735,00 220 2573 902216 355 35,180,6234,55 242 0684 078237 990 34,970,5934,38
    Excédent brut d’exploitation 73 127 13,01 93 600 14,95 109 362 15,80
    Autres produits d’exploitationProduits de gestion couranteRep./amort. et prov. d’exploitationTransferts de charges d’exploitation 0 0,000,000,000,00 0 0,000,000,000,00 0 0,000,000,000,00
    Autres charges d’exploitationCharges de gestion couranteDot. amort. et prov. d’exploitation 11 5001 20010 300 2,050,211,83 11 5501 25010 300 1,840,201,64 11 6001 30010 300 1,0,191,49
    Résultat d’exploitation 61 627 10,97 82 050 13,10 97 762 14,12
    Produits financiers 0,00 0,00 0,00
    Charges financières 15 360 2,73 13 739 2,19 12 042 1,74
    Résultat financier -15 360 -2,73 -13 739 -2,19 -12 042 -1,74
    Résultat courant avant impôts 46 267 8,23 68 311 10,91 85 720 12,38
    Produits exceptionnels 0,00 0,00 0,00
    Charges exceptionnelles 0 0,00 0 0,00 0 0,00
    Résultat exceptionnel 0 0,00 0 0,00 0 0,00
    Résultat avant impôts 46 267 8,23 68 311 10,91 85 720 12,38
    Participation des salariés 0,00 0,00 0,00
    Impôts sociétés et assimilés 9 300 1,65 15 782 2,52 21 585 3,12
    Résultat net comptable 39 567 7,04 52 530 8,39 64 135 9,26
    Total général des produits 561 954 100,00 626 153 100,00 692 273 100,00
    Total général des charges 383 546 68,25 419 159 66,94 452 886 65,42
    Leasing en charges 0 0,00 0 0,00 0 0,00
    Marge brute d’autofinancement 49 867 8,87 62 830 10,03 74 435 10,75

    Le seuil de rentabilité d’une entreprise – on parle également de point mort – représente le chiffre d’affaires qu’elle doit réaliser pour atteindre l’équilibre, c’est-à-dire dégager un résultat nul.

    Ce niveau d’activité est donc celui qui permet de couvrir l’ensemble des charges. Celles-ci sont de deux natures :

    – les charges fixes, qui sont identiques quel que soit le niveau d’activité. On y trouve par exemple le loyer, les frais de personnel administratif, la taxe foncière, les intérêts d’emprunt… ;

    – les charges variables, qui sont directement liées au niveau de l’activité. Les achats de marchandises, les frais de personnel de production, les frais de port sur achats et ventes entrent par exemple dans cette catégorie.

    Néanmoins, dans une entreprise individuelle, il n’est pas envisageable de raisonner sur la base d’un résultat nul. En effet, le résultat représentant, au moins en partie, la rémunération du dirigeant, il est primordial d’inclure celle-ci dans les calculs du seuil de rentabilité. Le chiffre obtenu est donc le gage pour l’exploitant de pouvoir obtenir le niveau de revenu souhaité.

    Le seuil de rentabilité (SR) se détermine grâce à la formule mathématique suivante :

    SR = Charges fixes (CF) + Charges variables (CV)

    Or, les charges variables sont directement proportionnelles au chiffre d’affaires, nous pouvons donc écrire :

    SR = CF + x % SR

    Donc (1 – x %) SR = CF

    Donc SR = CF / (1 – x %)

    Ainsi, une entreprise qui a des charges fixes d’un montant de 100 000 € et des charges variables représentant 60 % de son chiffre d’affaires, a un seuil de rentabilité de 250 000 € (100 000/1-0,6 = 100 000/0,4 = 250 000 €).

    Le seuil de rentabilité peut être présenté de manière graphique :

    Une fois son seuil de rentabilité déterminé, le créateur peut calculer la marge de sécurité et l’indice de sécurité. La première correspond à l’écart existant, exprimé en valeur absolue, entre le chiffre d’affaires prévisionnel et le résultat obtenu pour le calcul du point mort. L’indice de sécurité est l’expression de cet écart en valeur relative, c’est-à-dire en pourcentage du chiffre d’affaires. Cela signifie que le chiffre d’affaires peut baisser de x % avant que l’exploitation ne dégage des pertes.

    Mesurer la rentabilité de la future entreprise en déterminant son résultat prévisionnel ne suffit pas. Il convient également de rechercher si ce résultat permet de faire face aux besoins financiers de l’entreprise. Ceux-ci sont de plusieurs ordres. Il s’agit d’assurer :

    – le remboursement du capital emprunté (seuls les intérêts sont pris en compte dans les charges) ;

    – dans une entreprise individuelle, la rémunération de l’exploitant (non inclue dans les frais de personnel) ;

    – le financement du besoin en fonds de roulement.

    Pour mener à bien cette étude, il convient de déterminer la capacité d’autofinancement des premières années d’activité, c’est-à-dire la trésorerie théorique dégagée par l’activité. Elle correspond au résultat, après neutralisation des produits et des charges ne générant aucun flux de trésorerie. En général, dans le cadre d’une étude prévisionnelle, seules les dotations aux amortissements sont neutralisées, l’ensemble des autres produits et charges entraînant des mouvements de trésorerie. Ceux-ci interviennent parfois avec un décalage dans le temps (crédit clients ou fournisseurs par exemple), mais ce décalage est pris en compte dans la variation du besoin en fonds de roulement.

    Une fois la capacité d’autofinancement déterminée, il convient de la comparer aux besoins financiers de l’entreprise pour vérifier que l’ensemble de ceux-ci soit correctement couvert.

    Cette étude est établie grâce au plan de financement triennal qui peut être présenté sous la forme suivante :

    Trésorerie nette sur 3 ans (en €)
    2014 2015 2016
    Résultat net 39 567 52 530 64 135
    Dotations amortissements 10 300 10 300 10 300
    Capacité autofinancement 49 867 62 830 74 435
    Remboursement emprunt capital -33 751 -35 371 -37 069
    Net disponible 16 116 27 459 37 366

    Période cruciale car souvent jalonnée de difficultés et d’événements de nature exceptionnelle, le premier exercice d’activité mérite un examen particulier et détaillé en ce qui concerne les flux de trésorerie.

    Il couvre la période de mise en place de l’ensemble des moyens d’exploitation et de leur financement, mais aussi celle du démarrage de l’activité et donc de la montée en puissance du besoin en fonds de roulement. Car ces deux éléments conjugués produisent des besoins de trésorerie importants qu’il convient d’anticiper au mieux.

    En outre, très souvent au cours de cette période, l’entreprise, si elle est assujettie à la taxe sur la valeur ajoutée, doit financer la taxe grevant ses investissements avant de pouvoir en demander la récupération ou le remboursement au Trésor public. Et cela peut prendre quelques mois. Des modalités de financement spécifiques doivent donc être préalablement organisées.

    Pour ces raisons, la trésorerie de la première année d’activité doit être estimée précisément, c’est-à-dire mensuellement. Pour chaque mois, le créateur doit déterminer les flux entrants et les flux sortants afin de mesurer la trésorerie générée au cours de la période concernée. Certains mois peuvent s’avérer déséquilibrés, en raison de la saisonnalité de l’activité par exemple, mais aussi du fait des délais de règlement octroyés par/à la nouvelle entité. Par conséquent, en complément du solde net mensuel, il convient de faire apparaître le solde net cumulé des opérations afin de mesurer les besoins éventuels qui peuvent alors être anticipés et corrigés grâce à la mise en place de financements spécifiques.

    Le tableau présenté ci-dessous montre comment on peut procéder à cette analyse. Les données découlent directement des états précédents : le plan de financement fournit tous les éléments relatifs aux investissements et le compte de résultat le détail des produits et des charges à décaisser. Le passage du chiffre d’affaires et des charges prévisionnelles au tableau de trésorerie tient compte d’une part de la TVA (les flux de trésorerie s’effectuent TTC alors que le compte de résultat présente des chiffres hors taxes) et d’autre part des délais de règlement octroyés par/à l’entreprise.

    Évolution de la trésorerie au cours du premier exercice – Sans crédit court terme TVA (En milliers d’euros)
    POSTES TOTAUX Périodes successives
    J F M A M J Jl A S O N D
    RESSOURCES
    Ventes 648,61 39,1 39,1 39,1 45,6 52,1 65,2 71,7 71,7 71,7 65,2 58,7 29,3
    Autres produits
    Apports des associés 25,0 25,0
    Emprunts reçus 100,0 100,0
    Remboursement de TVA 11,13 11,1
    TOTAL DES RESSOURCES 784,7 164,1 39,1 39,1 45,6 63,3 65,2 71,7 71,7 71,7 65,2 58,7 29,3
    DÉPENSES
    Investissements 83,1 83,1
    Stock initial 35,9 35,9
    Achats 145,1 9,2 9,2 9,2 10,7 12,2 15,3 16,8 16,8 16,8 15,3 13,7
    Matières et fournitures 36,41 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0
    Crédit-bail
    Locations immob. et mob. 47,84 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0 4,0
    Entretien immob. et mob. 21,53 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8 1,8
    Assurances 3,50 1,8 1,8
    Honoraires 3,38 1,1 1,1 1,1
    Autres charges externes 60,35 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0
    C.E.T.
    Autres impôts et taxes
    Rémunération du personnel 151,80 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7 12,7
    Cotisations sociales 26,93 9,0 9,0 9,0
    Autres charges 1,20 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
    Remboursement des emprunts 49,11 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1
    TVA 42,58 3,4 4,2 5,8 6,5 6,3 6,3 5,4 4,7
    Impôt sur les sociétés
    Autres décaissements
    TOTAL DES DÉPENSES 708,7 151,4 39,9 39,9 50,0 44,8 48,8 61,9 53,9 53,8 63,9 51,4 49,1
    Mouvements du mois 12,7 -0,7 -0,7 -4,3 18,5 16,4 9,8 17,8 17,9 1,3 7,3 -19,8
    Trésorerie initiale 0,0 0,0 12,7 11,9 11,2 6,9 25,4 41,7 51,5 69,3 87,2 88,5 95,8
    Soldes cumulés 12,7 11,9 11,2 6,9 25,4 41,7 51,5 69,3 87,2 88,5 95,8 76,0

    Une fois établi, le dossier prévisionnel doit permettre au créateur de valider définitivement son projet et de convaincre l’ensemble de ses partenaires de le suivre dans son aventure.

    Si ce business plan a été établi avec soin et de façon réaliste, il jouera également un rôle important après le démarrage de l’entreprise, notamment au cours de la première année : il servira d’outil de pilotage au jeune chef d’entreprise. Celui-ci, à travers ses prévisions, s’est fixé des objectifs en termes de niveau d’activité mais aussi de coûts de fonctionnement et d’investissement. Il doit donc disposer d’un outil qui lui permette d’analyser l’ensemble des réalisations effectives et qui les compare aux objectifs initialement fixés.

    Avec le dossier prévisionnel, le nouveau dirigeant aura en sa possession un véritable tableau de bord qui lui permettra de prendre du recul sur les chiffres obtenus et d’avoir sur eux un regard critique et objectif. Cette analyse pourra être menée tant en quantités produites (heures vendues, nombre de couverts réalisés, nombre de pièces vendues, nombre de mètres carrés posés…) qu’en valeur (prix unitaire et valeur globale).

    Par la suite, chaque fin d’année, il sera utile de renouveler ce même exercice en établissant les prévisions de l’entreprise pour le millésime suivant.

    Depuis ses début SYMBIOZEXPERT accompagne ses clients dans la création d'entreprise.

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